Une clôture de barbelés à Menton ?

Ils n’ont pas honte ! Le maire UMP, jean-claude Guibal, propose la fermeture provisoire des frontières pour repousser des demandeurs d’asile érythréens.

__________

Depuis quelques semaines, de nombreuses personnes fuyant la dictature en Érythrée sont régulièrement ­interpellées par la police aux frontières dans les trains du littoral azuréen. Les exilés sont reconduits en Italie où on refuse systématiquement de les prendre en charge. Dans les Alpes-Maritimes, le maire UMP de Menton, Jean-Claude ­Guibal, en a profité pour revenir à la charge, demandant, le 2 juin, « une vraie décision forte » qui consisterait en « la reconstitution de contrôles aux frontières ». En clair, claquer la porte.

Encore une fois, il tente de s’appuyer sur la convention d’application de l’accord de Schengen : « Lorsque l’ordre public ou la sécurité ­nationale l’exigent, une partie contractante peut (…) décider que, durant une période ­limitée, des contrôles frontaliers (…) seront effectués. » Pour le coup, le Mentonnais efface toute démarcation avec l’extrême droite locale. Une poignée de militants racistes du rassemblement bleu Marine manifestait, il y a quelques jours, devant les anciens postes douaniers contre les immigrés. La droite xénophobe française pourrait peut-être s’inspirer aussi de ses homologues israéliens ? Amnesty international vient de rappeler que Benyamin Netanyahou a lancé, en 2012, à l’encontre des exilés d’Érythrée « une politique agressive » se traduisant par « l’emprisonnement de tous les sans-papiers, rapatriements (…) et construction d’une clôture de barbelés ». Une logique qui pousse les migrants à choisir la ­traversée vers Lampedusa : plus de 3 100 d’entre eux sont mort noyés au large de l’île en 2013. Pour Pierre Henry, de France Terre d’asile, la proposition de Jean-Claude ­Guibal est « une immense fumisterie. (…) Il faut cesser d’instrumentaliser cette question à des fins politiques ». L’intéressé se justifie : « Quand vous ouvrez la porte chez vous, vous aimez savoir à qui vous l’ouvrez. » L’édile feint de ne pas savoir qu’il s’agit d’offrir l’hospitalité à des personnes en danger qui fuient et espèrent un minimum de fraternité.

__________

Sur le site de l'Huma : http://www.humanite.fr

Abonne toi : http://boutique.humanite.fr